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Le début de notre amour

Notre histoire a commencé par un kick (1)  ; pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier de coup de foudre, mais un bouquet d’étincelles, de feux de Bengale. Cet été-là, en 1977, j’avais 22 ans et lui aussi. Quand je l’ai vu la première fois, à l’occasion d’une activité organisée par le Club Social de l’organisme public où il travaillait, il venait de se faire lancer à l’eau par ses amis et, en bon amuseur qu’il était, il a refait un plongeon dans la piscine pour la galerie. Déjà, son humour m’avait attirée. En soirée, tout comme un troubadour des temps modernes, il grattait la guitare en chantant, entouré de quelques ferventes admiratrices. J’étais un peu à l’écart, et je souriais ; il m’avait remarquée et posait parfois un bout de son regard sur moi. Mon cœur battait comme un métronome détraqué : je pense que je commençais à « tomber » en amour, et la chute était douloureusement bonne…

Nous nous sommes revus souvent dans les semaines qui ont suivi, jusqu’à notre premier rendez-vous « officiel » le vendredi 7 octobre. Le début de notre relation ne s’est toutefois pas passé tout en douceur, contrairement à ce qui arrive la plupart du temps alors qu’on ne vit que pour boire dans les yeux de notre nouvel amour. Sylvain vivait un drame dans sa famille : sa mère allait bientôt mourir… Elle était atteinte depuis près d’un an d’une sclérose latérale amyotrophique, et son état dégénérait rapidement. Elle s’est éteinte à l’âge de 46 ans seulement, à l’approche des Fêtes, le 23 décembre. Durant les mois qui ont suivi, notre relation a été mise à mal plus souvent qu’à son tour. Sylvain souffrait énormément de cette grande perte, il en voulait au monde entier, et malheureusement, j’en faisais parfois les frais. Je restais malgré tout et je l’aimais, je ne sais pas pourquoi. Ou plutôt oui, je sais : mon cœur résonnait plus fort que ma raison ne raisonnait. C’est comme ça, on n’y peut rien. Je comprenais Sylvain, j’entendais tout à fait son immense chagrin puisque j’avais moi-même perdu mon père, 5 ans plus tôt, alors que je n’avais que 16 ans. Et je sentais que lui aussi m’aimait, à sa façon.

Nous avons finalement décidé, à l’automne 1979, de faire vie commune. Je t’épargne les détails de la suite car la recette se compose à peu près des mêmes ingrédients que pour une grande partie des couples bâtissant peu à peu leur vie : fin des études, début de carrière, choix d’un logis, etc. Même si la vie ne nous a pas gâtés sur certains plans (pertes d’emploi et problèmes de santé, surtout en ce qui me concerne), elle nous a offert de très merveilleux moments, en particulier la naissance de nos deux enfants : Vincent en 1985 et Gabrielle en 1988. Nous étions alors une famille, avec les joies, bonheurs, inquiétudes et angoisses que cela comporte, vivant le « métro, boulot, dodo » comme bien des gens tout autour, et manquant cruellement de temps, à l’image de toute une société. Mais pour que tu comprennes bien notre vie ensemble, je dois te dire un peu comment était mon amoureux, te le présenter.

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(1) Québécisme signifiant béguin