Durant les semaines et mois qui ont suivi, nous faisions tous notre deuil : celui d’un conjoint, d’un père, d’un frère ou d’un ami. Je n’ai pas besoin de te dire quels états d’âme j’ai traversés, et quelle fatigue, physique et émotionnelle, je ressentais. J’ai cherché à plusieurs reprises des lectures sur le deuil pour m’aider à passer au travers. De nombreux écrits m’ont aidée, mais plus particulièrement Bouillon de poulet pour l’âme en deuil (1). Je retiens notamment ces propos, d’un ami à un père ayant perdu son fils encore jeune : « Si Dieu était venu à toi il y a dix-sept ans et t’avait dit : « Je vais te proposer une bonne affaire. Je vais te donner un beau garçon merveilleux, heureux et en santé pendant dix-sept ans et ensuite je vais le reprendre », tu aurais conclu ce marché en une seconde. » (2) Pour ma part, j’avais connu Sylvain pendant trente-trois ans, et je n’aurais pas refusé cette affaire non plus !
Un livre extraordinaire sur le deuil
Quelques années après le décès de Sylvain, ayant encore à l’occasion de grosses bouffées de chagrin, et sentant que certains membres de mon entourage se questionnaient à ce propos, je cherchais sur le Web ou encore dans des livres ce qu’on pouvait dire quant à la durée normale du deuil d’un conjoint. J’ai alors déniché un livre extraordinaire, qui, selon moi, répond à de multiples questions de la meilleure façon qui soit : 100 réponses aux questions sur le deuil et le chagrin. (3) Je retiens notamment les passages suivants de l’ouvrage de Nadine Beauthéac :
- « […] tous les deuils ne sont pas semblables. Tout simplement parce que ce n’est pas la même chose de perdre un enfant ou un conjoint, de perdre son père ou sa mère quand on a 10 ans ou quand on en a 60. » (p.58)
- « […] le deuil d’un conjoint est un deuil majeur dans une vie. […] Cela demande une réorganisation intérieure importante parce que l’être que vous avez perdu était un pilier de votre vie. » (p.59)
- « Voyez pourquoi cette expression « faire son deuil » n’a pas de sens, c’est parce que le deuil n’est pas « fait » une fois pour toutes : on traverse un deuil à un moment de sa vie, on y repense toujours, et on évolue avec cette absence jusqu’à notre propre mort. » (p.59)
- « Il est tout à fait normal de ressentir le manque du défunt quatre, cinq, dix ans plus tard. Le deuil, répétons-le, ne se fait pas une fois pour toutes. » (p.147)
- En relation avec les comparaisons entre le divorce et le décès du conjoint, Nadine Beauthéac répond (et je suis complètement d’accord avec elle) : « Faire des comparaisons de souffrance n’a pas de sens : une vie qui s’effondre est une vie qui s’effondre. » (p.89).
Il réveille mon intérêt pour la VIE après la vie
Certes, ces diverses lectures sur le deuil et la grande écoute de certaines personnes de mon entourage ont contribué à mettre des baumes sur mon cœur, à adoucir ma peine. Mais c’est beaucoup grâce à Sylvain lui-même, et à ma croyance en l’au-delà, en la continuité de la vie de l’âme, que j’ai surmonté cette épreuve. J’ai toujours cru que l’âme survit à la mort. Que ce moment, si difficile pour les survivants, est un passage vers une autre vie pour celui qui meurt. Je croyais aussi aux signes potentiels, aux rêves des défunts que l’on faits, à leur apparition même à des personnes éveillées dans certains cas. Dans les mois et années qui ont suivi le décès de mon père, j’avais beaucoup lu sur le sujet. Mais, ça faisait plusieurs décennies que je ne m’y étais pas penchée, et je n’aurais jamais cru que j’y serais entraînée d’une telle manière. En fait, c’est Sylvain lui-même, son âme, qui m’a progressivement amenée à réveiller ma conscience et mon intérêt endormis quant à la spiritualité et à la vie après la mort physique.
Comment te raconter cela ? Permets-moi d’y aller de façon chronologique, mais en mentionnant au passage les lectures que j’ai faites, la plupart du temps après coup, et qui m’ont confortée dans ce que je recevais, dans ce que je ressentais.
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(1) Jack CANFIELD et Mark VICTOR HANSEN, Édition française par Béliveau Éditeur, Montréal, 2010, 256 p.
(2) Ibid., p. 152
(3) Éditions Albin Michel, 2010, 240 p.