Dans son premier ouvrage, Sylvie Ouellet dit que « Donner signe de vie est un des besoins essentiels de l’âme qui se hisse vers d’autres sommets. […] L’âme qui redécouvre qui elle est et d’où elle vient brûle du désir de faire savoir à ses proches comme c’est merveilleux ce qu’elle vit et comme c’est bon d’être là. » (1) Pour sa part, Sylvain nous a fourni certains signes avant son décès, mais nous n’en avons pris conscience que dans les heures et jours qui ont suivi.
Un diaporama qui nous laisse sans voix
Du 15 au 17 décembre, nous préparions, en famille, l’hommage en photos et en musique à rendre à Sylvain durant la cérémonie au salon. En plus de Wish you were here de Pink Floyd, groupe que Sylvain aimait beaucoup, nous avions pensé à Les yeux du cœur de Gerry Boulet, à faire jouer en début de cérémonie. Mais un incident, un premier signe de Sylvain peut-être, nous a fait changer d’avis. Pour que tu comprennes bien, je dois revenir à quelques jours avant, soit le 8 décembre, après sa sortie de l’hôpital. En soirée, à 22h05, Sylvain envoie un courriel à Maurice, un ami de la famille depuis fort longtemps. Ce message est très inhabituel puisque Sylvain transmettait généralement des blagues ou diaporamas comiques. Là, il s’agissait du "Rituel des Indiens Cherokee", un diaporama qui illustre le rite de passage de l’enfance à la maturité chez ces indiens. L’enfant doit rester seul dans la forêt toute une nuit, un bandeau sur les yeux, sans savoir ce qui se passe, et, malgré sa frayeur, ne doit enlever le bandeau qu’à l’aube ; il découvre alors, assis à ses côtés, son père qui a veillé toute la nuit, pour le protéger du danger. Et le diaporama se poursuit ainsi : « De la même manière, nous ne sommes jamais seuls. Même si nous ne pouvons pas Le voir au milieu des obscurités de la vie, notre Père céleste est à nos côtés, veillant sur nous, assis sur un tronc. » Déjà, quand Maurice nous a retransmis par courriel ce diaporama, nous en avons été ébahis. Mais alors que nous écoutions les pièces musicales sur l’ordinateur, quelqu’un a cliqué sur le diaporama : quelle ne fut pas notre surprise d’entendre, en musique de fond, Amazing Grace que Gabrielle avait justement chantée à Sylvain quelques heures plus tôt alors qu’il partait tranquillement ! Le choix du morceau à placer en début de cérémonie n’a plus du tout été remis en question…
L'âme sait que son incarnation tire à sa fin
Je voudrais revenir sur cette notion, pouvant paraître bien étrange, que l’âme prépare ou transmet certains messages avant même la mort physique. Dans un article sur le Web intitulé « Rien n’est laissé au hasard, pas même la mort… » , Sylvie Ouellet dit, entre autres : « Du point de vue spirituel, la mort, tout comme la naissance, possède un temps de gestation pour permettre à l’être de préparer sa transition du monde matériel au monde immatériel. […] Quand on observe ce qui s’est produit dans les derniers moments d’incarnation d’une personne décédée subitement (accident ou mort violente), on y trouve très fréquemment des éléments inhabituels qui, après coup, indiquent que cette dernière, sans nécessairement savoir consciemment qu’elle allait mourir, détenait un certain savoir intangible sur son avenir. Par exemple, elle aura laissé un message d’amour à ses proches ou un texte ou une chanson qui parle de départ, de voyage ou d’amour. […] Tout cela témoigne qu’à un autre niveau l’être sait que la transition entre les mondes arrivera bientôt pour lui. »
Ce n’est d’ailleurs pas là le seul signe ou message avant sa mort que Sylvain aura laissé. Il serait trop long de les énumérer tous ; mais je pourrais résumer en disant que, d’une part, il a à certains moments eu plus d’ouverture face à des suggestions que je lui faisais et que, d’autre part, il a eu des paroles qui ressemblaient parfois à un bilan de vie, exprimant par exemple des regrets par rapport à certains risques qu’il n’avait pas pris, certaines peurs qui l’ont souvent bloqué. Je tiens toutefois à en mentionner deux en particulier. Il y a premièrement l’insistance avec laquelle il me suggérait que l’on fasse un testament notarié lui et moi. Étant fort occupée, je repoussais toujours ce projet en disant qu’on en avait déjà un olographe. De plus, il a insisté pour une autre chose, plus « ésotérique » diraient certains. Il regardait depuis quelques années à la télévision une émission appelée Mélinda entre deux mondes. Cette fiction met en vedette une jeune femme ayant le don de voir et de communiquer avec les esprits de personnes disparues, les aidant à résoudre un problème vécu sur terre et les accompagnant dans leur passage vers la Lumière. Pensant que cette série montrait des esprits malfaisants, je n’osais pas la regarder. Mais j’ai finalement cédé, et nous avons visionné quelques épisodes ensemble, Sylvain notant à l’occasion « Tu vois comme c’est beau, ce passage vers la Lumière ! ».
_________________
(1) Sylvie OUELLET, Ils nous parlent...entendons-nous ?, Le Dauphin Blanc, 2004, p.95-96